delete Created with Sketch.

Mencken Head

par Jean François Porchez

À propos

Un Didot avec du style en 14 styles

Le Mencken compte soixante-trois styles, déclinés en trois chasses, trois corps optiques, romains, italiques, bordures et dingbats. Généralement, les familles de caractères pourvues de corps optiques s’appuient sur une construction commune. Elles s’inscrivent dans une même catégorie de classification typographique, tout en présentant différentes hauteurs d’œil et différents contrastes. Le Mencken est unique car il est conçu à travers différents axes définis en fonction du corps optique, de la graisse ou de la chasse. D’un côté, Mencken Text est un caractère de type garalde-réale à faible contraste conçu selon un axe oblique, affirmant les horizontales, avec des contre-formes ouvertes. Ses capitales sont plus didonesques, pour mieux s’harmoniser avec le reste de la famille. De l’autre côté du spectre, le Mencken Head (et les chasses étroites) conçu selon un axe vertical et contraste élevé, dans un style Didot contemporain.

Le Mencken est un caractère répondant à différents types d’usages, dont le design se transforme en fonction de ses usages: de l’axe oblique en petit corps à un axe vertical en grand corps. Les proportions verticales (hauteur d’oeil, hauteur des capitales, etc.) sont calibrées afin d’optimiser la compatibilité avec une quantité d’autres familles de caractères Typofonderie: Les petites capitales du Mencken qui sont dessinées sur une hauteur intermédiaire, entre minuscules et capitales afin de rester bien présentes pour des acronymes ou encore pour composer la première ligne d’un pavé de texte ou les mots suivant la lettrine.

Du projet Baltimore Sun au Mencken Typofonderie

C’est d’une commande d’un caractère sur-mesure pour le journal américain The Baltimore Sun fin 2004 que démarre ce projet. L’histoire démarre par un simple échange d’email que j’ai avec Lucie Lacava qui est alors en charge du redesign du journal Démocrate américain de la côte Est. Elle cherchait, comme à son habitude, de nouvelles options de caractères afin de distinguer le redesign qui démarrait. Au moment de son implémentation au sein du quotidien, un sondage auprès des lecteurs du journal a révélé que le précédent caractère, créé au milieu des années 1990, n‘était pas satisfaisant. Le Mencken a été bien accueilli, cette réponse du lecteur étant particulièrement sympathique: “C’est plus facile à lire avec le nouveau caractère, combien même il a été créé par un Français”.

Pourquoi le Mencken?

Le nom Mencken est un hommage aux contributions journalistiques de H. L. Mencken au Baltimore Sun. Selon le London Daily Mail, Mencken s’était aventuré au-delà même de sa machine à écrire, en entrant dans l’univers de la typographie. Parce qu’il a estimé que les Américains ne reconnaissaient pas l’ironie quand ils le lisent, il a proposé la création d’un signe typographique spécial appelé Point d’ironie, ou encore une version oblique dans la direction opposée des italiques afin d’indiquer l’humour de l’auteur. Affirmant son irrévérence, le caractère Mencken ne propose pas ces gadgets typographiques.

Henry Louis Mencken (1880 – 1956) est un journaliste, linguiste, satiriste, critique social et un libre penseur, surnommé “le sage de Baltimore”. Il est souvent considéré comme l’un des écrivains américains les plus influents du XXe siècle. À une époque de sa carrière, les Américains l’ont désigné comme leur plus brillant esprit et un critique littéraire hors pair. Source