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Arsen Normal

par Joachim Vu

À propos

Un Elzevir Français multi-usages

L’Arsen est un “Elzevir Français” qui apporte une touche distinctive à vos projets tout en assurant une excellente lisibilité, grâce à ses quatre corps optiques.

L’Arsen, influencé par des caractères de la fonderie parisienne Turlot publiés vers 1895, n’est ni un Didot, ni un genre de Garamond, ni Caslon, ni Baskerville, ni même Fournier. C’est en cela qu’il apportera ce style unique à votre publication, design, que vous recherchez. Voyons ensemble ce qui caractérise l’Arsen, du terme Elzevir à l’histoire mystérieuse, à ses caractéristiques de design.

Les Elzevirs

Durant cette fin du XIXe, le terme Elzevir est à la mode en France. L’Elzevir n’est pas un caractère particulier, plutôt un genre, en réaction au genre Didot (Modern face en anglais). Tout démarre en Grande Bretagne qui voit le Caslon de 1734,1 redevenir à la mode vers 1840 avec des éditions de Chiswick Press. Ce retour marque une différentiation entre les Modern face en usage et les Old style dont le Caslon est le principal protagoniste d’une évolution.

En France un genre comparable aux Old style apparait, ce sont les Elzevir. Il s’agit aussi d’un engouement pour un retour vers des caractères d’inspiration Garalde-Réale. À la différence près avec la Grande Bretagne, c’est qu’en France, qui dit nouveaux genre, dit nouvelles créations. L’imprimeur-typographe Lyonnais Louis Perrin2 dessine, grave, puis utilise à partir de 1854 son nouveau caractère Elzevir (le terme est utilisé postérieurement à son œuvre). Sa création, d’abord en capitales, est initiée avec son ouvrage à propos des Augustaux (capitales romaines) de Lyon, qui sera complété par des minuscules, des italiques pour de l’édition. Il est un précurseur, imaginant des caractères nouveaux, les Caractères augustaux qui mixent diverses influences historiques. Car avant lui, il ne s’agit le plus souvent que d’appliquer un style dans l’esprit du moment.

Louis Perrin aura été l’initiateur des recréations (revival) et surtout de cette idée qu’un caractère typographique devait être choisi en fonction du contenu de l’ouvrage à composer. Il explique dans ses ouvrages que selon le contenu, le caractère choisi ne peut pas être le même. C’est là, les premises de ce qui nous parait totalement normal aujourd’hui: établir une direction artistique!

La fonderie Turlot

Revenons à la fonderie parisienne Turlot pour laquelle nous savons peu de choses. C’est Torey (qui a travaillé chez Jules Didot) et les frères Virey qui montent une première fonderie en 1838, avec les fonds typographiques Duget et Laurent (ce dernier a été associé la fonderie de Balzac et De Berny). Alfred Turlot rachète cette fonderie pour monter sa propre fonderie vers 1873.3

Notez, que le pique de nouveaux caractères dans le genre Elzevir c’est 1880. Même si les caractères n’ont généralement pas de noms clairement identifiés come aujourd’hui à cette époque, plutôt des “nºX” associés à un terme générique, c’est déjà une avancée spectaculaire de pouvoir faire son choix entre un Didot, une Égyptienne, un Elzevir de style Anglais, ou Français durant cette période.

Dans son Spécimen des caractères anciens publié vers 1895,3 la fonderie Turlot propose un Elzevir Français, un Elzevir Anglais et l’Elzevir Nº 3. L’Elzevir Nº3 reste au catalogue pendant assez longtemps. Mais en 1921, la Fonderie Turlot se transforme en Fonderie Typographique Française. L’Elzevir Nº3 n’est plus visible, reste un Elzevir Plantin apparu vers 1905, d’un style différent.

Les influences de l’Arsen

L’Arsen est issu d’une recherche de plusieurs années de Joachim Vu dans le cadre de son travail de designer au sein de l’équipe Typofonderie. Les principes du dessin de l’Arsen se basent sur quelques corps présentés comme l’Elzevir Nº3 par la Fonderie Turlot en 1895. Même si certaines caractéristiques de cet Elzevir Nº3 se retrouvent dans l’Arsen, il ne s’agit pas d’une recréation stricte, plutôt le résultat d’une influence majeure de cet Elzevir Nº3, qui aura permis de comprendre un des aspects du style Elzevirien.

Le design de l’Arsen

L’Arsen est construit autour de quatre corps optiques, deux destinés aux grands corps, les Arsen Affiche et Arsen Display, puis le Arsen Normal adapté à tous les usages et le Arsen Text dédié aux petits corps. Les capitales relativement étroites suivent des proportions uniformisées. Les chiffres s’alignent comme certains Didot. En version Text, les romains, et plus encore les italiques sont différents des autres corps optiques, dessinés plus ouverts, avec des terminaisons plus proches des horizontales.

L’Arsen a une particularité originale: il a été conçu pour que les glyphes tel les A, V, R (etc) qui ont des empattements longs extérieurs, se réduisent contextuellement selon les lettres avant et après afin d’optimiser l’espacement des mots. Certains empattements verticaux sont également contextuellement raccourcis lorsque positionnés avec des minuscules.

Le jeu de glyphes en comprend 988, en conformité avec les caractères Typofonderie. Quelques variantes de glyphes sont proposées. Des vignettes se déclinent selon les quatre corps optiques et graisses, en addition vous trouverez des dingbats, chiffres dans des cercles, flèches, etc.

  1. A specimen, William Caslon, 1734

  2. Étude sur Louis Perrin, imprimeur lyonnais, Jean-Baptiste Monfalcon & Laurent Guillo, Éditions des Cendres, 1994, Louis Perrin & l’énigme des Augustaux, René Ponot, Éditions des Cendres, 1998

  3. Petit spécimen, Fonderie Turlot, vers 1880

Suggestions de combinaisons