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Prosaic

par Aurélien Vret

À propos

Une linéale vernaculaire postmoderne en 18 fontes

Le Prosaic créé par Aurélien Vret est un hommage typographique Postmoderne aux lettrages vernaculaires créés par des producteurs locaux et visibles le long des routes afin de commercialiser leurs produits directement. Ces lettrages, tracés au pinceau sur des pancartes artisanales, ne respectent aucune tradition typographique. La construction de ce type de lettre est hybride et ne respecte aucun ductus. Néanmoins l’usage de certains outils provoque un certain mécanisme dans l‘élaboration des formes de lettres. C’est après de multiples expérimentations au pinceau plat, que la construction de ce type de lettres a été reconstitué et perfectionné par Aurélien Vret. C’est le point de départ pour l‘élaboration d’une linéale facilement reproductible avec différents outils d‘écriture contemporains.

Des références non-typographiques du Prosaic à l’innovation en matière de lisibilité

L’influence de l’outil se révèle dans les formes: contreformes anguleuses en contraste au rendu extérieur lissé. Ce contraste formel confère au Prosaic une bonne lisibilité dans les petits corps. En effet, ces angles internes sont indirectement influencés par les outils et donnent de l’éclat aux contre-formes. Dans le passé, pour faire face aux limites de la reproduction photographique des caractères en photocomposition, certaines fonderies modifiaient le dessin final en ajoutant des puits à encre. Dans ce monde numérique résolument tourné vers la haute définition, ces puits à encre –désormais très à la mode chez certains designers – n’ont aucun impact ou presque dès lors qu’ils sont ajoutés littéralement à un dessin quelconque. Faut-il y voir un hommage aux limitations antérieures? Difficile à dire. En parallèle, il existe des créateurs de caractères tels Ladislas Mandel, Roger Excoffon, ou encore Gerard Unger qui depuis longtemps essayent de pousser les limites de la lisibilité en travaillant sur des contreformes très ouvertes pour leurs caractères typographiques. Quelqu’en soit le contexte technologique, ce type de formes donne un effet positif sur la perception visuelle du caractère dans un texte composé en petit corps. Le design novateur des contreformes du Prosaic se situe dans cette deuxième approche. Cette dernière est renforcée par une hauteur d‘œil démesurée comme pour tenter de dépasser les limites formelles de la typographie latine. Il est intéressant de noter à quel point l’analyse d’un processus de tracés de lettres non typographiques permet d’élaborer un nouveau concept typographique tout en améliorant la lisibilité en petits corps.

Dépourvu de racines typographiques classiques dans son élaboration, Prosaic est quelque peu inclassable. Le résultat formel pourrait aisément être décrit comme une robuste linéale humaniste Postmoderne. Linéale humaniste car ses terminaisons sont ouvertes. Robuste car sa hauteur d‘œil est monumentale, son “fini” mélange détails de terminaisons structurées, jeu visuel d’angles et rondeurs sans concessions. Enfin, le Prosaic est Postmoderne dans le sens où il s’agit d’une interprétation sceptique des lettrages vernaculaires qui les déconstruisent afin de les réorganiser dans le but de créer un caractère typographique. Par analogie typographique, le Prosaic Black est comparable à l’Antique Olive Nord, alors que les versions plus maigres peuvent faire référence au Frutiger ou encore à certaines versions des caractères créés par Ladislas Mandel et destinés aux annuaires téléphonique.

Le Prosaic, une linéale vernaculaire postmoderne

Le Prosaic est radical, car issu d’une longue réflexion artistique de son créateur, Aurélien Vret, artiste multidisciplinaire. Le Prosaic est également un caractère double, car il sait se mettre au service de la lisibilité en très petits corps et apporte une robustesse typographique aux usages en grand corps. Une série de capitales ligaturées, influencées par les raccourcis de construction rapide dans le tracé des lettrages artisanaux est disponible dans tous les styles, romain et italique, du maigre au gras via des fonctions OpenType. Quelques variantes plus ou moins cursives des g, y ou z, cette dernière dans un esprit plus germanique sont aussi proposées dans le Prosaic. Le Prosaic comprend désormais plus de 900 glyphes, y compris le support de nombreuses langues, 4 séries de chiffres, capitales, petites capitales, minuscules, supérieures, ligatures, variantes diverses, variantes de titrage, jeux stylistiques, variantes contextuelles et ornements.

Suggestions de combinaisons